DBFC : « la philosophie du club, la sueur de la scène » ou « notre démarche ressemble à celle des happy Mondays »

DBFC : « la philosophie du club, la sueur de la scène » ou « notre démarche ressemble à celle des happy Mondays »
« DBFC ce n’est pas un groupe mais un club » : voilà comment le quatuor DBFC, qui télescope dance-floor, rock et pop se définit. Quelques minutes avant leur live réussi à Paloma de Nîmes pour le festival Tinals, ce vendredi 28 mai 2015, rencontre avec le quatuor mené par David Shaw (ex Siskid, Blackstrobe) et Bertrand Lacombe alias Dombrance, qui répond aux questions de teckyo.com.

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Comment est né le projet DBFC ?

Dombrance : DBFC est un club, comme un club de rencontres (rires) ! Et je me suis occupé de la sélection, je connaissais Antoine (bassiste, contrebassiste) et Guillaume (batteur) depuis plus de dix ans, ils ont joué sur plusieurs de mes projets, ils ont une culture électro des lives techno, de cette musique club, autant que la musique rock. Et puis bien sûr David, que j’ai rencontré il y a trois ans, quand j’ai reçu et écouté sonalbum, j’ai trouvé ça incroyable, je suis tombé amoureux de David Shaw & the beat, je voulais le rencontrer et jouer avec lui. La rencontre s’est faite, on avait dix jours pour jouer ensemble, et on a réussi à préparer un concert, c’était juste magique, on s’est rendu compte qu’il y avait un truc qui « matchait », c’était super fort..

Comment avez-vous fonctionné pour les morceaux ?
Quand j’ai rencontré David, c’était comme une révélation, comme si c’était la dernière pièce du puzzle qui venait s’offrir à moi sur un projet auquel je réfléchissais, ce mélange de musique rock, pop et club. Je faisais beaucoup de remix depuis trois, quatre ans, je me disais « on peut faire ça comme ça » et le fait que David arrive, il vient de Manchester, je suis fan des musiques de Manchester, je lui ai fait écouter les morceaux, il était en slip devant la glace en train de faire la guitare (rires), et là je me suis dit c’est ça, on va faire un groupe !
Je suis arrivé avec les structures, l’ossature des morceaux, David a beaucoup travaillé les textes, sur les arrangements et sur les guitares, on a ensuite travaillé avec Antoine et Guillaume pour faire que toute la sauce se lie. On n’a pas envie de règle, avec l’esprit club, ce que l’on veut, c’est faire des bons morceaux.
Il y a une méthode, mais rien n’est figé.
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Le quatre titre (*) préfigure-t-il l’arrivée d’un album ?
Pour l’instant, on a envie d’enregistrer des titres pour les jouer ensuite en live et on va préparer de nouveaux titres après, on est plus dans un système d’EP. On a naturellement pas envie de tomber dans le truc de « il faut sortir un album pour sortir un album », on veut avant tout faire de bons morceaux. Là, on travaille plus à l’international, on a travaillé le titre « Leave my room » en France, les Anglais sortent « Still home« , ils pensent que c’est plus un tube, ce quatre titres va encore vivre sa vie, nous on a besoin de faire de la route, faire des concerts et développer le projet, on ne se met pas la pression sur l’album. Là, on a enregistré le deuxième maxi, on ne sait pas encore quand on le sort.
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Vous tournez déjà pas mal…
On a eu la chance de faire les Transmusicales pour notre troisième concert, même si c’était un exercice compliqué, on jouait à 2 h 40 devant 4 500 personnes dans le deuxième plus grand hall… C’était super et on ne s’est pas plantés, même si on peut toujours faire mieux. Et juste avant on avait fait le Rockstore pour notre deuxième concert. Là on fait Tinals, on a  plein de dates avec juste un EP et on est bookés à Rock en Seine, une date importante.
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Le public aime ce genre dance-floor avec un groupe sur scène, ne se lasse-t-il pas du DJ derrière ses platines ?
C’est cyclique, on revient toujours au groupe : les groupes de disco se sont effacés, c’est devenu les DJ’s et puis on y revient, le punk c’est pareil, le psyché aussi, on repuise dans un truc pour le relancer. En tout cas, nous ça nous éclate d’avoir les machines, d’avoir la batterie, la basse, la guitare en même temps et de marier tout ça. Les visuels, bon, avoir quelqu’un au dessus d’une pyramide avec des loupiotes genre Puy-du-Fou… Moi ce que j’aime quand je vais voir un concert c’est la musique, je veux être pris par ce qui se passe sur scène. Après, quand je vais en club, je veux danser, je m’en fous de ce qui se passe sur scène, je suis avec mes potes, je m’éclate : si je passe une bonne soirée, je ne me préoccupe même pas du reste. Nous, ce qu’on propose, c’est entre les deux : la philosophie du club, celle d’avoir l’envie de danser, le plaisir, le kiff, mais avec le côté scénique où il y a de la sueur, ça chante et il se passe quelque chose d’organique et vivant.
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Vous n’êtes pas les premiers à avoir tenté ce genre de fusion : on ne peut échapper à la question des influences…
On n’est pas les premiers mais ça reste original je pense. On dit parfois « tiens c’est LCD sound-system qui revient », mais LCD c’est un mec qui a aussi super bien compilé toutes ses influences et il les cache encore moins, c’est hyper Talking Heads, Mark E.Smith. Le débat n’est pas de dire « nous c’est mieux », mais je pense que le spectre est plus large. Pour DBFC, il y a autant de la musique 60’s, c’est à dire de la musique pop des Beach Boys aux Beatles, la musique psychédélique, mais aussi le côté groovy de la soul-funk, les années 80 sur certains synthés, le côté brit-pop des années 90 et toute la techno qui est arrivée et qu’on a pris de face à ce moment là. Mais ça se passe naturellement, on connaît nos influences, on sait ce qu’on aime.

Si on prend l’exemple des Happy Mondays, tout d’un coup ils vont en rave, ils prennent des ecstasy et se disent on va faire un groupe, on va faire les cons sur scène. Ce que je trouve intéressant, c’est la rencontre entre le musicien de rock qui va faire sa première soirée électro et qui prend sa claque, qui découvre au delà de la musique, l’ambiance, l’univers… Aujourd’hui on ne va pas faire du Happy Mondays mais finalement la démarche  y ressemble, sauf qu’aujourd’hui on va danser en écoutant Yvan Smagghe ou faire des remix de morceau électro avec notre culture pop, on n’est pas les premiers à faire cette recette, mais ça nous tient à coeur.

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Comment est né votre tube entêtant « Leave my room »?

C’est très simple, j’ai fait un cauchemar, je me suis réveillé en sueur, dans ce cauchemar je me trouvais dans ma chambre avec ma femme, avec une bête aux yeux rouges qui me fixait et je me suis réveillé comme ça, dans un état pas possible… Je suis arrivé au studio et j’ai fait genre « poupi, poupi, poupi », « leave my room » à 10 h du matin et à une heure de l’après-midi c’était plié. Des fois ça met des plombes pour faire un morceau, pas là !


Propos recueillis à Tinals par Corinne Kennedy & Crazik
(*) DBFC EP Leave my Room (Her Majesty’s ship)
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