Daniel Avery (Phantasy – UK)

Daniel Avery (Phantasy – UK)

Vendredi soir, minuit : quelques minutes avant de clôturer la deuxième soirée de Tinals, dans la grande salle de la Paloma, le prodige anglais a répondu à tecky.com. Décontracté, verre de cola à la main, les cheveux bouclés tombant sur les yeux, Daniel Avery se plie avec plaisir au jeu des questions réponses.

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Peux tu nous raconter tes rencontres avec tes deux mentors, Andrew Weatherall et Erol Alkan ?

Quand j’étais plus jeune, je n’étais pas du tout intéressé par les clubs et la musique électronique, il n’y avait rien de ce que j’aimais. Et puis j’ai rencontré Andrew Weatherall, qui offrait une alternative à tout ce que j’ai pu rencontrer auparavant. Il est l’une des raisons majeures qui a fait que j’ai porté tout mon intérêt sur l’électro. C’est une figure très importante qui m’a beaucoup marquée, nous sommes amis maintenant, nous avons joué plusieurs sets, back to back, et nous jouons ensemble à Paris la semaine prochaine au festival Villette Sonique.

La seconde personne qui m’a amenée à la musique électronique est Erol Alkan. En tant que fan de ses sets, j’assistais à ses soirées Trash à Londres, très souvent. Nous nous sommes rencontrés et au fil du temps, sommes devenus amis. Un jour, il m’a demandé de lui donner des démos et c’était le bon moment. Je travaillais beaucoup en studio et j’avais trouvé le son qui me convenait.

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Comment prépares-tu tes dj sets et pourquoi ne fais tu pas de live ?

Je fais des dj sets depuis 10 ans maintenant, c’est très important pour moi. Je pense que le djing est un moment unique. Je prends un tas de disques avec moi, je vais dans un club et je ne sais pas ce que je vais faire, je ne prépare pas mon set. Dans le djing, il y a l’idée de la communion avec le club, parce que tu peux sentir l’énergie dégagée par le public et lui répondre, tu peux changer l’atmosphère très rapidement avec la musique, et pour moi cela n’a rien à voir avec les « lives » qui sont écrits, et où l’on ne peut pas se nourrir de l’énergie de la foule.

C’est pour ça que je continue de faire des dj sets.
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Quelle différence entre les derniers Eps et l’album que tu as fait ?

L’écriture de Drone Logic est arrivée naturellement, j’ai écouté beaucoup d’albums, et je voulais travailler ce type de format, quelque chose qu’on puisse l’écouter du début à la fin, comme un dj set où il y a des moments forts mais pas que. En quelque sorte, écrire une « histoire » ce qui peut être un mot compliqué et prétentieux. L’idée, c’était de pouvoir alterner des moments de calme, des respirations et des moments plus de gros clubs. Erol Alkan a produit et mixé mon album sur son label Phantasy, sur lequel je suis beaucoup impliqué.

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La presse musicale française a écrit que tu es le nouveau prince de la musique électro, cela te flatte-t-il ?

Je n’avais pas du tout planifié ça, les choses sont venues naturellement, d’abord la rencontre avec Phantasy avec à Londres le Club Fabric qui me soutient depuis le début.

Tout n’est pas arrivé si rapidement, je fais cela depuis 10 ans, il y a à peine 2 ans que tout s’est mis bout à bout, je suis content que cela ait mis du temps, et j’ai le sentiment que tout s’est fait naturellement.
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Tu jouais en décembre dernier à I love techno à Montpellier, quel souvenir gardes-tu de ce moment ?

C’était un endroit complètement fou, tellement grand. Je joue plus en France que dans d’autres pays et je me sens réellement connecté à ce pays, je ne sais pas pouquoi, je n’ai pas de raisons, mais je me sens toujours bien, il y a une très bonne énergie ici. En France vous êtes connectés musicalement à différents niveaux et toujours plein d’énergie. Je jouais en décembre à I love Techno et ce soir je suis très excité de clôturer un festival plus indie rock qu’est This is not a love song…

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La musique électronique française est associée au courant nommé French Touch, connais tu cette « touche » ?

La musique électro en France est très importante, je jouais hier (jeudi NDLR) aux Nuits Sonores à Lyon avec Laurent Garnier dont je suis un grand fan. Mais lui c’est une super star, ce qui montre bien la place de la musique électro en France.

La house et la techno ont toujours été importantes en France, alors qu’en Angleterre, il y a eu des variantes comme la UK garage, par exemple ou des dérivés, c’est peut être pour cela que la musique et les gens sont très connectés en France, et qu’il y a un vrai axe french touch.
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Il se murmure que vous joueriez à l’automne en back to back avec Ivan Smagghe à Montpellier, es-tu excité à cette idée ?

Absolument ! Oui ! la dernière fois que j’ai joué à Montpellier c’était totalement incroyable, et mixer avec Ivan Smagghe qui a été une grande inspiration pour moi; c’est absolument génial. Nous nous voyons régulièrement à Londres, c’est un bon personnage français avec un accent étrange, j’ai vraiment hâte.

 

Sa prestation : prévue initialement dans la petite salle, le set de Daniel Avery a finalement été délocalisé dans la grande salle de la Paloma, pour finir le festival. Les fans d’électro étaient là mais le public de rockers a aussi répondu présent. Sa techno puissante et percussive, magnifiée par le son surpuissant de Paloma, a une nouvelle fois conquis le public, même si sa sélection est restée classique avec ses tubes notamment. Seul regret : comme dans tous les festivals, une grosse heure de DJ set avec un tel client, c’est vraiment trop, trop court…

Mais à l’écouter, on lui répète à l’envie « you know what ? I’m very happy ».