Forever D&B – Rex Club Paris – 21 Mai

Forever D&B – Rex Club Paris – 21 Mai

Forever Drum & Bass au coeur de Paris. Avec une interview croisée de Elisa Do Brasil et Miss Trouble et c’était grave bien.

Mercredi 21 Mai, au Rex Club à Paris, je me suis rendu à la nouvelle soirée organisée par Elisa Do Brasil, « Forever D&B« . Un line up assez incroyable en plein milieu de semaine au coeur de la capitale, résolument Drum & Bass. Les parisiens étaient au rendez vous, moi aussi, report d’une excellente soirée.

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C’est Bluntsman qui attaque le premier set, dans un style de jungle / Drum & Bass à la cool pour faire monter la pression. Un set sympa qui nous met bien en jambes pour les sets à venir. Puisque de suite après, l’hôte de la soirée, Elisa Do Brasil et sa MC anglaise Miss Trouble vont venir secouer le public parisien. Un set explosif, bien construit entre les classiques des deux copines (Infatuation notamment) et quelques remix particulièrement bien sentis (Andy des Rita Mitsouko à la sauce EDB & Miss Trouble, c’était vraiment quelque chose, surtout quand on sait qui joue juste après !), rien à redire, elles se sont faites plaisir et le public aussi. Est ensuite arrivé la tête d’affiche de la soirée, le patron du label anglais RAM Records, ANDY C. Un gros set d’une heure et demi, une Drum & Bass à l’Anglaise, sans aucun doute le meilleur set de la soirée. Mention spéciale à son remix de Get Free de Major Lazer, qui passe toujours aussi bien. C’est après au tour de Lucid accompagné de MC Youthman d’enflammer le dancefloor du Rex ,encore marqué par le set d’ANDY C. C’est jamais facile de jouer après une grosse tête d’affiche, mais il a su assurer et maintenir le public dans un esprit de Drum & Bass très énergique, bien dansante, de quoi satisfaire tout le monde après la tornade du boss de RAM Records.

J’ai passé une très bonne soirée, en discutant un peu avec le public entre deux clopes, je me suis rendu compte que tout le monde était dans le même cas, si vous en doutez encore, je vous laisse regarder quelques photos ainsi que le report vidéo (crédits photos : Marie Lopez / Julien Mattia & crédits vidéo : Souhael Hatia).

 

 

A l’occasion de cette soirée, j’ai également eu l’occasion de réaliser une interview croisée avec Elisa Do Brasil et Miss Trouble. Au programme, deux visions de la scène Drum & Bass analysées depuis Paris et Londres, pour une même passion commune : faire vivre cette culture.

1 – Après les soirées « Massive », Elisa, tu lances les « Forever D&B ». Êtes vous nostalgiques de cette période qui correspond à l’âge d’or de la Drum & Bass ou pensez vous qu’elle a encore son mot à dire sur la scène musicale ?

Elisa Do Brasil :Je suis bien sûr nostalgique de la période Massive, qui représente 12 ans de ma vie. J’ai appris à mixer au Rex, reçu un nombre incalculable de dj de la scène locale et internationale. C’était un rendez vous incontournable de la dnb, tous les premiers mercredi du mois on s’y retrouvait. Je pense que cette soirée a été très importante à Paris. J’ai ressenti le besoin de l’arrêter car j’ai eu deux enfants, moins de temps pour m’en occuper. J’ai un peu perdu pied avec les nouvelles générations, je n’avais plus d’équipe motivée autour de moi . Si la Drum & Bass n’a pas dit son dernier mot ? La preuve, le Rex est revenu vers moi pour me donner une deuxième chance. Il y a une grosse effervescence autour de cette soirée, j’ai une équipe très soudée et motivée qui y travaille avec moi. A côté de ça, il y a beaucoup de crews français très actifs, notamment Vandal mais aussi Chwet Prod, qui ont continué à organiser des soirées incroyables [Jungle Juice]. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai tenu à inviter Bluntsman et Lucid ce soir. En ce qui me concerne je retrouve le goût de l’organisation, je m’y retrouve plus dans les productions actuelles et j’ai surtout retrouvé ma passion, plus forte encore qu’il y a quelques années.

Miss Trouble  : De mon point de vue, c’est la suite logique des soirées « Massive », je pense que Paris avait besoin d’une résidence comme celle là pour les nuits Drum & Bass à la capitale. Je pense qu’Elisa sait ce qu’elle fait, c’est sans doute une des mieux placées pour comprendre les évolutions de la scène Drum & Bass française.

2 – Un petit retour sur votre set de ce soir ? Comment ça s’est passé de votre côté ?

Miss Trouble : C’était pour moi la première fois où je faisais mes parties MC directement sur la dancefloor du Rex, et pas depuis la cabine. C’était génial, je me suis sentie vraiment proche des gens, à partager le son tous ensemble, être au cœur de l’ambiance. A titre personnel, j’ai vraiment apprécié jouer ici ce soir, j’espère que le public aussi !

Elisa Do Brasil : C’est toujours un bonheur de jouer au Rex. les conditions y sont parfaites. J’étais ravie de retrouver Miss Trouble avec qui je n’avais pas joué depuis le mois d’octobre. On se connait très bien, on tourne ensemble depuis plus de 5 ans, on a d’ailleurs fait une tournée plus significative ensemble lors de la sortie de mon album précédent. Je me suis éclatée, j’ai ressorti mon vieux morceau « Andy » [ndlr : le remix des Rita Mitsuko] pour appeler Andy C aux platines. Je suis de plus en plus à l’aise et je travaille bien plus mes sets qu’avant. D’autant plus que je joue beaucoup à Paris en ce moment alors je n’ai pas envie que le public se lasse, je cherche à rendre chaque set très spécifique à la soirée.

3 – Est il toujours difficile aujourd’hui de s’imposer en tant que femme dans ce milieu ? Est ce la même situation des deux cotés de l’atlantique ?

Elisa Do Brasil : J’ai toujours détesté cette question puisque j’estime que nous avons comme les mecs deux oreilles, deux mains. Certains disent ici que c’est plus facile quand on est une fille. J’ai eu des difficultés ces dernières années qui n’avaient rien a voir avec ma condition de femme mais plus liées à ma vie privée, aux changements de tourneur, au renouvellement de générations, changement de musique… C’est pas facile d’être au top pendant 15 ans, on a forcément des hauts et des bas, mais c’est valable pour tout le monde !

Miss Trouble :J’ai l’impression que la France est beaucoup plus ouverte à ce niveau là. De mon expérience, la scène Drum & Bass en UK est de manière traditionnelle assez représentée par les mecs, où les filles venaient danser sur la scène pendant que les mecs prenaient le micro. De mon point de vue, c’était donc relativement dur de se faire prendre au sérieux quand des filles ont commencé à s’emparer du micro dans les raves. Ça a pas toujours été évident d’être une MC, mais je pense que quelque part, c’est ce qui me donne encore plus envie de tout donner dans ma passion ! Il faut pas non plus être trop négative, des gens se bougent pour que la Drum & Bass change ses codes à ce niveau là. J’en profite d’ailleurs pour remercier Futurebound & Viper Recordings qui me laissent énormément de place sur mes résidences lors des soirées Viper Nights en Angleterre !

Elisa Do Brasil : C’est vrai qu’en Angleterre le problème est peut être un peu différent. Il y a une certaine forme de sexisme. L’appellation « female dj » est assez réductrice, tu te sens presque comparé à un animal. Les femmes tournent très peu là bas, ou entre elles, sur leurs réseaux. Pour l’anecdote, un dj qu’on avait booké sur une soirée RE-UNION l’année dernière m’a proposé un booking en angleterre, pour une girls party. Je lui ai répondu que je refusais toujours ce genre de date en France il m’a dit « it’s the only way« . J’ai dû refuser, au final je jouais sur Astropolis ce soir là !

4 – Comment voyez vous la scène Drum & Bass Française & Anglaise aujourd’hui ? Y’a-t-il une différence significative entre ces deux cultures ?

Miss Trouble : Le berceau de la Drum & Bass est anglais, je crois que d’une manière ou d’une autre cette scène existera toujours. J’espère y voir des expérimentations, des essais, de l’underground, des jeunes qui ont envie de faire avancer cette scène. J’adore la culture autour de la Drum & Bass qu’il y a en ce moment, j’ai l’impression de toujours découvrir de nouveaux talents, de nouveaux producteurs, labels et de soirées en ce moment. L’univers actuel est selon moi super riche.. D’ailleurs je vois pas mal de producteurs français venir signer sur des labels anglais, je pense notamment à Elisa, mais aussi Dirtyphonics, Bluescreens, Signs.. Et sans doute d’autres que j’oublie ! Mais pour moi, la réelle différence de cultures se joue sur la fréquence des soirées. Si en UK, tu peux passer ta semaine sur des soirées Drum & Bass qu’importe la ville où tu habites, c’est un peu plus rare il me semble en France. Du coup j’ai l’impression que les français profitent vraiment à fond de ce genre de nuits, du fait de leur rareté relative comparé à l’Angleterre. Une autre différence que j’ai remarqué sur le dancefloor, c’est la manière de comprendre le rythme de la Drum & Bass. Les Français dansent plus sur le premier et troisième temps de la musique, quand les Anglais dansent plutôt sur le deuxième et quatrième temps, enfin ça reste un constat hein, faites en ce que vous voulez !

Elisa Do Brasil : De mon point de vue, les anglais sont toujours en avance sur la production et ont une façon de mixer bien à eux. On entend de la Drum & Bass à la radio, officielle ou pirate. Les labels sont établis et donc forcément on retrouve les meilleurs producteurs, Djs … On est un peu à la traine en France, mais comme je t’ai déjà dit, on a quand même de beaux événements, avec de plus en plus de bons producteurs, des très bons dj et un public qui se renouvelle, des crews toujours actifs… Moi j’aime notre scène, je la soutiens à fond !

5 – L’avenir de la Drum & Bass, vous le voyez comment ?

Miss Trouble :J’attends avec impatience de voir l’évolution de la scène, et notamment sa transition depuis l’underground vers le mainstream. Je repense à la track « Incredible« , de General Levy dans les années 90, où les gens se sont mis à faire du underground en réaction à ce succès (qui passait même pour des pubs en Angleterre). C’est un phénomène qui est en train de se passer en Angleterre, on entend de la Drum & Bass sur des grandes radios en pleine journée, ça commence à devenir acceptable aux yeux de la communauté d’être popularisé et rester de qualité, alors que pendant longtemps cette scène s’est battue pour préserver son intégrité à l’abri des majors. Les labels indés n’ont jamais cessé de produire de nouveaux sons, je pense qu’ils ont un énorme pouvoir sur l’évolution de la scène d’aujourd’hui, ce qui est pour moi assez différent du schéma habituel dans d’autres styles de musique, où d’habitude les majors détiennent une grande partie de la scène, alors que pour la Drum & Bass c’est l’inverse : les majors écoutent les indépendants. En tout cas, je suis enthousiaste sur le futur et je compte bien m’impliquer encore longtemps dans ces nouvelles évolutions.

Elisa Do Brasil : La Drum & Bass n’a jamais été une mode comme l’Electro Clash, l’Electro Pop, la Minimale. C’est une scène assez radicale, les gens ne se passionnent pas tous subitement pour elle, mais elle est toujours vivante depuis qu’elle existe. Et le restera. C’est un mouvement stable, qu’on ne peut ignorer et qui ne disparaitra pas du jour au lendemain . J’y croirai toujours, FOREVER DNB c’est bien le nom de la soirée non ?

6 – Quels sont vos plans pour la suite ? Elisa, on me souffle dans l’oreillette qu’un album est en préparation.. Tu nous en dis un peu plus ? Miss Trouble, je te vois depuis quelques semaines en tête des ventes DNB sur Beatport aux côtés d’InsideInfo pour le titre ‘Metamorphosis’ [au moment de l’interview la track est 2ème du top 10 Drum & Bass Beatport], quels sont tes projets pour la suite ?

Elisa Do Brasil : J’ai en effet un nouvel album de prêt. Il ne reste plus qu’à mixer et le masteriser. Reste à savoir si je démarche des labels ou si je me lance dans l’autoproduction, je n’ai pas encore décidé ça pour le moment. Je travaille également sur un nouveau spectacle avec Mick des Productions du possible et mon nouveau tourneur, Furax. J’ai énormément d’idées, qu’il faudra mettre en place quand j’aurai plus de certitudes concernant l’album. A côté de ça, avec Youthman et notre équipe, on continue la Forever, bi-mensuelle ou mensuelle, on va se décider rapidement. Dates, tournées, voyage, le planning est chargé !

Miss Trouble : InsideInfo et moi sommes super contents de ce qui nous arrive avec cette track « Metamorphosis » tant dans notre travail que dans les réactions des gens ! On est depuis plusieurs semaines dans le top 10 Drum & Bass sur Beatport, on espère y rester le plus longtemps possible et on remercie toutes les personnes qui nous ont aidé à parvenir, notamment Viper Recordings ! On va continuer à bosser ensemble pour le prochain album d’InsideInfo, avec donc un autre featuring à venir. J’ai également d’autres collaborations qui vont tomber d’ici quelques mois avec plusieurs producteurs,  je continue de travailler dur pour être prête au moment des sorties ! 

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==> Retrouvez Elisa Do Brasil x Miss Trouble à l’Astropolis le 5  juillet aux côtés de Machinedrum, Jeff Mills, Skream, Son of Kick et bien d’autres encore.. http://astropolis.org/2014/index.php/about

==> La prochaine Forever D&B, c’est le 2 Juillet, plus d’infos sur la page Facebook d’Elisa Do Brasil.