Interview de l’équipe du Festival Electro Alternativ (Toulouse) – Du 05 au 23 septembre
Le festival Electro Alternativ fête son 15ème anniversaire du 05 au 23 septembre !
15 années que les cultures électroniques sont célébrées, l’occasion pour le festival Electro Alternativ d’interroger son bilan autant que de réfléchir sur son avenir pour préserver les valeurs fondatrices de tous ceux et celles qui sont à l’origine de cette belle aventure. L’équipe a bien voulu répondre à nos questions
Electro Alternativ fête ses 15 ans. Pouvez vous me décrire quelques moments forts de ces éditions passées ?
La première année restera peut-être le moment le plus fort car nous avions réussi à imposer un événement sur 24 heures après un bras de fer administratif titanesque . De mémoire, c’est certainement la première « Rave » légale qui avait été organisée à Toulouse.
2014 a été la première année où nous investissions un musée au cœur de la ville de Toulouse. Cette date a une valeur symbolique car elle signifiait que notre action culturelle devenait moins sujette aux fantasmes et aux réticences.
* La scène électronique a bien évolué depuis 15 ans. Qu’est ce que vous déplorez dans cette évolution et qu’est ce qui vous rend optimiste ?
Les musiques électroniques ont progressivement glissé du champ de la contre-culture vers une expression artistique plus « Mainstream ». Pendant les 15 dernières années, nous avons vu le public changer au fur et à mesure que la culture Techno devenait de mieux en mieux acceptée. Ce que l’on peut déplorer, c’est que les musiques électroniques n’aient pas suffisamment résisté au rouleau compresseur de l’industrie globalisée du divertissement: starification de Djs superstars, culture de l’image, standardisation de la production artistique… reniant, de ce fait, ce qui leur donner une saveur et un intérêt si particuliers.
Autant, avons nous milité pour une meilleure reconnaissance de la musique électronique, autant nous continuerons à nous battre contre des dérives à l’opposée de nos valeurs culturelles et sociétales.
* Comment pensez vous garder cet esprit de départ, c’est à dire un festival « alternatif » ?
La dimension « alternative » de notre événement se définit nécessairement par rapport à l’objet auquel nous la comparons. Dans les premières années du festival, créer les conditions d’un possible pour les musiques électroniques était en soi un acte culturel militant qui offrait un champ d’expression à une culture qui n’en avait pas. A l’ère de l’Internet et des réseaux sociaux, notre rôle d’acteur culturel s’oriente désormais plutôt autour de questions contemporaines comme l’économie locale, l’indépendance artistique, la protection des données privées et la dimension citoyenne de notre événement.
* Comment expliquez vous l’absence de soutien des instances politiques et culturelles toulousaines pour ce festival ?
Le soutien n’est pas inexistant mais il est reste très faible relativement à la taille du festival et de l’impact socio-économique de l’événement. Notons, à ce sujet, que le festival n’est soutenu par l’ensemble des collectivités territoriales qu’à hauteur de 8% de notre budget total (407.000 euros). C’est très en deçà des événements culturels plus « classiques ». Les raisons de cette inéquité sont multiples: tout d’abord, en France et plus particulièrement dans notre région, l’action culturelle a globalement priorisé le soutien aux événements historiques (en somme ceux qui sont antérieurs aux années 90) au détriment des esthétiques émergentes. Les politiques culturelles se sont ainsi fossilisées et ont fini, sans le vouloir, par dresser des barrières à l’entrée contre toute initiative artistique contemporaine. Ensuite, on ne peut pas négliger les effets de deux crises majeures et d’un contexte plus global de réduction de la dépense publique. Enfin, notre région a globalement manqué de vision ne sentant pas ce qui, aujourd’hui, présage de l’excellence culturelle de demain.