Interview d’Aurelien DELOUP, organisateur du Festival Utopia

Interview d’Aurelien DELOUP, organisateur du Festival Utopia
  • Utopia en est à sa quatrième édition. Quelles sont les nouveautés majeures cette année et comment le festival a-t-il évolué depuis ses débuts ?

Utopia a toujours pour ambition de présenter un panorama des musiques électroniques, de proposer une programmation éclectique et exclusive. Cette année, pour cette 4e édition, nous avons apporté quelques nouveautés : un toit-terrasse pour le samedi après-midi, avec une table ronde sur l’écologie dans les festivals avec de nombreux acteurs particulièrement impliqués dans cette thématique dont Pioche magazine, Clean my Calanques, Pikip Solar system, Recyclope…mais aussi l’artiste Fakear qui clôturera l’après-midi par un dj set juste avant le coucher de soleil. Depuis le début le festival cherche à innover, à penser de nouveaux parcours, de nouvelles expériences, de nouveaux partenariats tout en gardant nos marqueurs et notre identité.

  • Cette édition se distingue par une programmation électronique éclectique, allant de la techno à l’afrobeat. Comment avez-vous choisi ces différents styles musicaux pour répondre aux attentes du public et proposer une expérience unique ?

On a toujours exploré des univers musicaux différents et variés, mais cette année, nous avons souhaité mettre un coup de projecteur sur 2 collectifs issus de la scène LGBTQI+, LA CREOLE et Barbi(e)turix en leur confiant une carte blanche au Cabaret Aléatoire, renommé pour l’occasion La Box. 2 cartes blanches à 2 collectifs qui viennent pour la première fois à Marseille.

Nous sommes attentifs à la dynamique des scènes et courants musicaux. Pour une expérience unique, il faut une part de découverte, d’inattendu et d’innovation. Etre différent de ce qu’on voit habituellement à Marseille, c’est le sens de notre DA et de notre programmation.

  • Vous mettez en avant des artistes et collectifs jamais ou très peu vus à Marseille, comme Eliza Rose, Ellen Allien ou Paula Temple. Qu’est-ce qui vous a poussé à sélectionner ces artistes spécifiques pour cette édition ?

Le choix des artistes doit correspondre à la DA et à l’ADN du festival. Au-delà de la diversité des styles musicaux, on tient à construire un équilibre subtil entre les artistes issus de scènes et d’histoires différentes. Ellen Allien, c’est une artiste emblématique des musiques électroniques, productrice, label manager, dj, elle cumule les casquettes et elle a influencé bon nombre d’artistes ! Nous l’avons sélectionnée pour ce qu’elle représente – une figure majeure de la scène techno – et pour sa rareté dans la région (5 ans d’absence).

La CREOLE c’est l’occasion de faire découvrir au public marseillais une musique afrobeat, house, une ambiance, des performers, bref, un univers festif exceptionnel.

Eliza Rose, c’est une artiste phénomène, et c’était une évidence de l’inviter en guest pour la scène LA CREOLE.

Barbi(e)turix c’est un collectif qui a participé largement au renouveau de la scène club LGBTQ et qui arrive enfin à Marseille !

  • Le festival accorde une place centrale à la scène locale. Comment parvenez-vous à intégrer les talents marseillais dans une programmation aussi internationale et variée ?

Nous pensons le festival Utopia en parfaite synergie avec le Cabaret Aléatoire. Chacun se nourrit de l’autre. Tout au long de l’année, nous accompagnons des artistes locaux dans leur parcours et nous les accueillons au Cabaret Aléatoire. Le festival Utopia, c’est une vitrine incroyable, et c’est une étape importante dans la carrière d’un artiste local.

Les talents de la région ont toujours eu une place de choix dans la programmation d’Utopia, cela rappelle et matérialise le lien indéfectible entre la scène locale et le Cabaret Aléatoire.

  • Cette année, vous avez repensé le festival pour « plaire au plus grand nombre ». Comment conciliez-vous cette volonté avec l’esprit avant-gardiste et exclusif du festival ?

La volonté d’ouverture n’est pas incompatible avec l’esprit avant-gardiste et exclusif du festival. Nous souhaitons donner l’envie à l’ensemble des publics de découvrir des artistes et de célébrer les cultures électroniques, au-delà de leurs propres références. On veut partager cette exigence, cette curiosité avec le plus grand nombre d’amateurs de musiques.

  • Utopia Festival se veut inclusif, tant dans sa programmation que dans l’expérience offerte au public. Comment cet engagement se traduit-il concrètement dans vos choix artistiques et organisationnels ?

Notre charte des valeurs rappelle nos engagements et les principes qui doivent être partagés par le public. Etre inclusif, cela se traduit par une programmation paritaire (autant d’artistes féminines et issus de minorités de genre que d’artistes masculins), cela se traduit aussi dans la manière d’accueillir tous les publics.

  • Les performances live comme celles de Canblaster ou Molécule occupent une place importante cette année. Pourquoi avez-vous souhaité inclure davantage de lives électroniques dans la programmation de 2024 ?

Les lives électroniques racontent aussi une histoire des musiques électroniques. La production et le live sont des expériences fondamentales dans les musiques électroniques. C’est une autre forme de rencontre entre l’artiste et le public. Il n’y a pas de filet, beaucoup moins de compromis possible, l’artiste livre sa musique, cela relève de l’intime. Nous avons toujours souhaité proposer des performances live mais là aussi, il faut trouver les bons artistes et les projets les plus originaux et exclusifs.

  • Le site de la Friche la Belle de Mai est emblématique pour Marseille. Comment ce lieu influence-t-il l’atmosphère du festival et vos décisions en matière de scénographie et d’expérience sensorielle ?

Nous avons pensé dès le départ, le festival par rapport à ce lieu. Un terrain de jeu de 40 000m2, des déambulations incroyables, des scènes insolites…Le lieu exerce une grande influence sur l’atmosphère du festival. Il participe pleinement à l’expérience du public. La scénographie met en valeur ce site et les propositions artistiques.

Utopia, pour nous c’est la cité idéale des musiques électroniques.

  • Cette édition introduit des genres comme l’afrobeat et des musiques percussives. Pourquoi avez-vous choisi d’explorer ces sonorités, et comment enrichissent-elles l’identité d’Utopia ?

Utopia s’enrichit de tous les courants musicaux. La mise en avant de l’afrobeat cette année, est une des façons d’inviter le public à explorer d’autres univers. Le lien est fort entre ces différentes musiques et les musiques percussives sont aussi à la base de la techno.

  • Avec une telle diversité musicale, quels moments ou performances pensez-vous seront les plus marquants de cette édition ? Y a-t-il des surprises que vous pouvez nous révéler ?

Fakear sur le toit-terrasse pourrait être un joli moment de cette édition, tout comme le retour tant attendu d’Ellen Allien, ou le closing de Shlomo…Mais la surprise pourrait tout aussi bien venir de la folie de la scène avec LA CREOLE ou du performeur hors pair, LB aka LABAT, l’artiste qui a mastérisé la Boiler Room.

  • En tant que festival dédié aux cultures électroniques, comment Utopia parvient-il à marquer les esprits marseillais et à devenir un rendez-vous incontournable de fin de saison ?

Utopia propose une expérience inédite loin des line up convenus. C’est une expérience unique et c’est un partage. C’est ce que le public apprécie et cela participe à rendre ce rdv incontournable pour les Marseillais mais aussi pour des publics venant d’autres territoires.

  • La dimension écologique devient de plus en plus importante dans l’événementiel. Quelles initiatives durables avez-vous mises en place pour réduire l’empreinte écologique du festival cette année ?

Nous nous engageons sur le zéro plastique à usage unique. Nous avons nommé une personne référente pour toute la dimension « éco-responsabilité » du festival, chargée de coordonner les différents acteurs, structures et bénévoles impliqués. Nous mettons en place un dispositif de tri et recyclage des déchets, avec des brigades vertes, Aremacs et Recyclop. Nous travaillons avec de nombreux partenaires pour sensibiliser les publics dont bien sûr Clean my Calanques. Nous développons des partenariats afin de favoriser la mobilité douce (covoiturage, transports en commun…). Enfin, le choix de la thématique pour la table ronde cette année est un signe de l’importance et de l’intérêt que représente ce sujet pour nous.

  • Enfin, en regardant vers l’avenir, comment voyez-vous l’évolution du festival Utopia dans les prochaines années ? Avez-vous déjà des idées pour les éditions futures ?

Dans les prochaines années, nous espérons pouvoir pérenniser le festival et l’inscrire à une place particulière dans l’agenda des grands rdv annuels et dans l’esprit du public.

L’évolution ne passera pas par la croissance démesurée du format du festival mais par un développement raisonné et maitrisé.

Pour les futures éditions, on explorera « l’Utopie » de manière différente et surprenante, puisque notre cité idéale aura franchi un cap…