Sound Pellegrino x Tsugi mix #2 Don’t Call It Eurocrunk by Teki Latex

SOUND PELLEGRINO X TSUGI MIX #2 DON’T CALL IT EUROCRUNK par TEKI LATEX

« Pendant la première moitié des années 2000 quelque chose a eu lieu dans le milieu de la musique électronique française. A cette époque les backpackers du rap indé se sont mis à découvrir la musique électronique dansable, puis à accepter le fait que le rap puisse être dansable également. Certains musiciens électroniques de leur côté n’avaient pas envie de choisir leur camp entre l’electroclash et l’IDM intello, deux genres qui prédominaient en France à l’époque.

Une troisième voie s’est créée sans vraiment que l’on ne s’en rende compte sous l’impulsion de gens comme Feadz et Orgasmic qui mélangeant techno et rap sudiste, moins d’une année avant de découvrir le « Hollertronix » de Diplo & Low Budget qui allait changer le DJing à jamais. Une poignée d’européens gravitant autour de Bpitch Control et d’Institubes se sont mis à inventer un style entre rap d’Atlanta (le crunk à l’époque), techno et booty dopplereffekt-ienne avec une forte influence d’IDM de Prefuse73 à Team Shadetek en passant par Team Doyobi, en ajoutant à cela un attrait coupable pour les samples d’eurodance à la limite du mauvais goût. Le groupe Radioclit décide de réunir tout ce petit monde dans un article de présentation chez leurs amis du magazine anglais Hip Hop Connection. Il faut trouver un nom pour baptiser cette nouvelle scène et à moitié en rigolant, quelqu’un suggère « Eurocrunk ». L’article parait et le mot « Eurocrunk » devient instantanément ringard et embarrassant.

Puis arrive la grosse vague french touch 2.0 et des disques des Daft Punk et de Justice à l’énergie très rock imposent la turbine 4×4 comme seule voie possible pour un musicien électronique français ayant envie d’attirer l’attention et de se faire une carrière internationale. Ce style va tellement séduire que de nombreux musiciens de la scène dite « Eurocrunk » vont complètement abandonner les expérimentations faites dans le sens des hybrides rap/techno pour se mettre à concevoir une musique binaire énervée et distordue, bien plus immédiate et efficace en club. Le genre, mal nommé, étouffé dans l’œuf, tombe aux oubliettes.
Quelques années après, pendant que les parisiens sortent banger sur banger, des soirées montréalaises prennent le nom de Turbo Crunk (collectif dont sera notamment issu Lunice) et des gens comme Machine Drum, Lazer Sword ou Hudson Mohawke prennent plus ou moins le relais de ce style. En 2013 c’est le Trap électronique qui prédomine, et il est étourdissant de voir à quel point ce style très populaire aujourd’hui à de choses en commun avec ce qu’une poignée de parisiens, d’allemands et de scandinaves produisait vers 2003. Avec ce mix j’ai essayé de faire le mix que nous aurions du faire à l’époque pour officialiser ce style.

Que sont-ils devenus?
– Feadz est passé du label berlinois Bpitch Control aux parisiens de chez Ed Banger via l’aventure Uffie ;
– Para One a intégré TTC à l’époque de « Beat Down » (dont les scratches sont signés DJ Orgasmic) puis a eu la carrière qu’on connait avec notamment deux albums solo, l’un chez Institubes et l’autre chez Marble ;
– Tacteel : co-Fondateur d’Institubes, son morceau « Beats Like That » sonne littéralement comme les beats de rap qui sortent aujourd’hui. Après un passage chez TTC il sort plusieurs EPs solo et vient de signer un album de pop française sous son vrai nom Jérôme Echenoz ;
– Modeselektor ont quitté Bpitch pour lancer leurs propres labels Monkeytown et 50 Weapons à la rencontre de la techno berlinoise et de la bass UK ;
– France Copland, pionniers de la booty-tech française, sont aujourd’hui d’un côté Crackboy et de l’autre Benjamin Morando chez Discodeine.
– Ceebrolistics, groupe de rap finlandais, se sont scindés notamment en Teeth (post-dubstep chez 502, Ramp, Sound Pellegrino) et en Michael Black Electro (l’un des pionniers du Skweee chez Harmonia) ;
– Stacs Of Stamina était le groupe de rap suédois de Johan Hugo, devenu entre temps la moitié de Radioclit avec le français DJ Tron, puis la moitié de The Very Best avec Esau Mwamwaya. » —Teki Latex

 

Track list:

01. Feadz – « Fizzle »
02. Para One – « Beat Down » (instrumental)
03. Modeselektor – « Rave Anthem » (UPS edit)
04. Tacteel – « Beats Like That »
05. Mike Jones, Slim Thug, Paul Wall – « Still Tippin »
06. Krazy Baldhead – « Revolution » (Para One remix)
07. France Copland – « Pute et Mac »
08. Ceebrolistics – « Tyomi »
09. Stacs of Stamina – « Poisson » (screwed)
10. Para One – « Nobody Cares »