Le Collectif Arbuste

Le Collectif Arbuste

La volonté du Collectif Arbuste est de créer des projets pluri-artistiques, dans l’espace public, leurs armes sont :
la musique, la scénographie, la danse et les outils numériques. ===> L’arbuste qui cache la forêt…

 Nous avions découvert le Collectif Arbuste en juillet 2014 au Festival MIMI (Marseille – île du Frioul),
nous les avons revus et réécouter – avec plaisir – lors du Festival Marsatac 2015.

1 – Vous êtes actuellement 8 dans le Collectif Arbuste.
Quelles ont été les premières rencontres AVANT septembre 2012, pour aboutir au concept actuel ?
 
Tout d’abord il est important de préciser que le collectif arbuste porte différents projets. Le concept INSTRUMENTARIUM est le spectacle phare du collectif mais nous en sommes à notre 6ème création aujourd’hui.
A l’origine de chaque projet, il y a une commande pour un événement dans l’espace public. C’est le cas pour INSTRUMENTARIUM qui est issu de la proposition que nous avions fait à la ville d’Aubagne pour l’ouverture de MP2013. Nous étions 2 à porter l’idée originelle et avons rassemblé une équipe de potes autour de nous. Des gens compétents avec qui on avait des affinités mais avec qui on avait pas forcément bossé jusqu’alors. Quasiment tout le monde a une carte de visite de musicien mais la répartition est la suivante : 2 architectes (Jason Chopeitia et Rémi Bosch), 2 programmeurs son et lumières (Antoine et Matthieu Pernaud), et 4 instrumentistes (Nathanaël Pinna, Nicolas Aubin, Matthieu Font et Yessaï Karapetian).

groupe-site


 

Instrumentarium a en fait donné le « La » aux projets qui ont suivi :
Des créations hybrides et innovantes, hors les murs et hors scène, ayant en commun un fort impact visuel et sonore mais un rapport subtil et inédit à l’espace dans lequel elles s’installent. Elles reposent, à chaque fois sous un angle différent, la question du rapport au public proposent une expérience sensorielle globale, radicale, puissante, entre énergie primale et virtuosité technologique.
 
2 – Comment composez-vous vos morceaux, à partir d’un boeuf en impro ou bien via une écriture en mode solfège ?
Un peu des 3 mais là où on se différencie d’autres approches c’est qu’on privilégie pas mal le travail sur table avec une musique écrite. Il y a 3 sets de percussions et il est primordial de repartir proprement les parties sinon tout le monde se marche dessus. Les 3 percussionnistes sont issus d’une formation classique. Ça en fait de bonnes boites à rythmes quand quelqu’un arrive avec une proposition écrite.

3 – Assumez-vous une influence de Stomp!, des Tambours du Bronx, des Poubelles Boys ou autres ?
A partir du moment où on décide de jouer de la percussion sur des matériaux de récupération, l’affiliation avec ces projets est inévitable. Stomp! fait partie des expériences marquantes qu’on a eu plus jeune. On essaye cependant de proposer quelque chose de différent à travers les dispositifs scénographiques et la musique car ces sets de récupération ont beaucoup à offrir. Au delà de l’aspect performance de l’instrumentiste, il y a un réel intérêt dans le son de ces « instruments ». Il est pur, net, brutal, se mélange parfaitement avec le son synthétique.
 
4 – Le Collectif Arbuste se sent-il proche des performances de groupes de taiko japonais comme Ondekoza ou Kodo ?
Deux des percussionnistes officient également dans le Bamboo Orchestra de Makoto Yabuki. Dans les postures, les attitudes, les motifs rythmiques, l’influence du Taiko japonais est là. On s’en rapproche d’autant plus sur l’aspect cérémonial, rituel, qui n’est jamais loin quand il s’agit de percu. On touche au sacré et au primaire quand on tape en rythme et c’est ce qu’on veut mettre en exergue en mettant notre Instrumentarium au milieu de la foule. S’affranchir de la séparation frontale, c’est remettre le public au centre. Quand il s’agit de grands rassemblements autours de la musique (en particulier électronique) ce qu’on produit comme show et comme son importe autant que ce que cela génère comme expérience sociale.

Percu Collectif Arbuste5 – Il vaut mieux réutiliser que recycler.

Vos instruments de percussions sont des matériaux récupérés, est-ce une démarche volontaire de votre part de promouvoir ainsi le Développement Durable et l’Eco-Responsabilité ?
Ce serait se mentir que de défendre cette approche. Si on voulait vraiment être eco-responsable, on ferait tous nos prods chez nous en sortie digitale uniquement.  Un show d’Instrumentarium ça sous-entend un camion aller-retour, pas mal d’électricité et surtout, plein de monde en voiture pour venir nous écouter.

Les grands rassemblements autour de la musique ne sont pas eco-responsables.

Est ce qu’il faut s’en priver ? Je ne pense pas. Est ce qu’un projet taillé pour ce type de manifestations peut avoir pour volonté de promouvoir l’eco-responsabilité ? C’est délicat…
Ce qu’on essaye de faire à notre niveau c’est montrer que la poésie, l’euphorie, la surprise, la nostalgie  peuvent se cacher dans des choses très simples comme trois poubelles et deux conserves.

6 – Pour obtenir le meilleur son de vos percus de récupération en métal, enlevez-vous de la matière par découpage ou bien, en rajoutez-vous par soudage ou bien les jouez-vous « brut de recup. » ?
On intervient assez peu mais on intervient quand même. Principalement pour casser des résonances en martelant l’objet et en le découpant ou pour créer du timbre en posant des rivets par exemple. Là où il y a systématiquement une intervention c’est sur le moyen d’accrochage au treillis.

7 – Les Teckyonautes sont surtout fans de musiques électroniques, quel est le set de machines de Matthieu Pernaud? Quelle(s) machine(s) compte-t-il ajouter en 2016 et pourquoi ces choix ?
MP Collectif ArbusteRéponse de Matthieu :
Sur l’Instrumentarium j’utilise un Moog Slim Phatty pour les basses, un Waldorf Rocket pour des arpeggios et des séquences que je module en live. Les possibilités de modulations qu’offrent ces deux petits synthés me permettent d’être réactif, d’ajouter de l’énergie aux séquences.
J’utilise un Korg Microkorg pour les nappes, mais en général il passe dans une pédale de distortion pour le « gonfler » un peu.
Sinon j’ai un contrôleur midi qui me permet de jouer des samples, comme certaines lignes de basse que je répartis sur plusieurs pads.
Le centre de tout mon setup, sans surprise, est un macbook pro avec Ableton Live, mais est il nécessaire de le préciser ?  Cela dit tout est fait pour que je n’ai pas à toucher l’ordinateur pendant le show, sauf urgence ou plantage (oui, ça arrive…).
À terme ce que l’on voudrait ajouter c’est un controleur midi custom (inspiré par ceux que l’on a déjà réalisés sur un autre projet: Pianofictile) qui me permettrait de développer le déclenchement de samples et les effets en temps réel tout en rendant ces interactions très lisibles par le public: une sorte de MPC 2000 mais très grosse et lumineuse.
Le public interprète facilement le jeu des percussionnistes: une baguette percute un objet et un son émerge, alors que le travail électronique n’est pas lisible immédiatement: on tourne un potentiomètre qui fait 1 centimètre de diamètre, et l’effet sonore peut être très marquant, mais l’action physique n’a rien de spectaculaire. J’assume ce côté discret du « mec aux machines », et je ne vais pas me tortiller dans tous les sens quand je tourne un potentiomètre de filtre, en revanche il m’importe que le public comprenne immédiatement quand je fais un travail de percussionniste sur des samples, et le problème est que les contrôleurs existants sont trop petits pour être visibles de loin.

Verbatim Collectif Arbuste

 8 – L’Instrumentarium a une base carrée va-t-elle devenir un pentagone ou même un hexagone avec l’arrivée de un ou deux nouveaux musiciens ?
Le projet s’appelle Instrumentarium. Ce projet est protéiforme. A l’origine c’était un échafaudage de 8mx10m en frontal, puis un cube à 360° de 4mx4m et finalement une cage. Si le projet est amené à évoluer, nous n’excluons aucune transformation si ce n’est qu’on ne fera pas plus petit. Instrumentarium

9 – Au Festival Mimi en 2014, vous étiez à l’extérieur du carré, les spectateurs pouvaient même taper sur les percus, avec-vous abandonné ce concept, très (trop) proche du public ?
A l’époque c’était plus une installation qu’un réel show. On a en tous cas abandonné le principe de jouer ensuite sur cet élément. Il est très limitatif et pose qu’en même des problèmes de sécurité et de jauge public.
 
Peux-t-on imaginer que tout en jouant à l’intérieur du carré, vous pourriez en éloigner les façades afin de créer un mini dance floor au milieu, pour une centaine de personnes, à l’intérieur, dansant à vos côtés ?
La version Insidé (en cage) est à la base prévue pour se retrouver en plein milieu d’un club avec les clubbers contre les grilles. Pourquoi pas des clubbers dans les grilles mais il nous faudra plus de grilles et un Agent de Sécurité.

10 – En été 2014, vous nous avez indiqué qu’il était « presque » plus facile pour vous d’être bookés à l’étranger (Allemagne, Luxembourg) qu’en France (hors le sud dont vous êtes originaires : Aubagne et Gémenos en force).
Pour 2016 sera-ce plus facile pour le Collectif Arbuste de  jouer sur le reste de l’hexagone ?
Parce que c’était le cas à l’époque. On a été booké sur les 4 soirs du Fusion festival, avec une vidéo de notre deuxième show à Gémenos… J’y voyais deux explications : nul n’est prophète en son pays et la dimension hybride du projet effrayait les programmateurs. Trop art de la rue pour les musiques électroniques, trop électronique pour les arts de la rue, pas assez tout public pour les municipalités.
 
Cage

Cette rentrée 2015, même si elle reste dans le sud, m’a fait mentir avec cette suite de dates improbable :
le cours Mirabeau avec le conservatoire de musique classique, Marsatac puis la Foire de Marseille. On touche à des typologies de publics et de programmateurs qu’on imagine radicalement opposés et qui nous donnent tous des bons retours pour des raisons différentes.

Tout ça sans jamais faire de concession sur la musique qu’on a envie de proposer. On espère donc que ça va continuer en 2016 sur le reste de l’hexagone et ailleurs.


Pleins d’infos sur tous leurs projets et leurs dates sur le site internet du Collectif Arbuste.
Sur Facebook. 35 vidéos sur Collectif Arbuste chaîne Youtube. Le Collectif Arbuste sur Twitter.