Mondkopf – 22 Février 2014 – Gaîté Lyrique (Paris)

Mondkopf – 22 Février 2014 – Gaîté Lyrique (Paris)

Par Corinne Kennedy & Crazik

 On piaffait d’impatience à l’idée de voir transposé sur scène le quatrième et apocalyptique album de Mondkopf. Parce que le tout fraîchement sorti Hadès – le dieu grec des Enfers – est un diamant brut où s’entrechoquent avec puissance et noirceur indus’, ambient et électronica. Mais aussi parce qu’on garde en mémoire le live du prodige toulousain comme le meilleur moment de Marsatac 2011. Et enfin, parce que la Gaîté lyrique, quand même, c’est un peu l’endroit rêvé pour ce genre d’expérience sonore : la salle est équipée d’un sound-system surpuissant et offre un imposant « mur » pour les visuels.

On ne donnera pas tort aux piliers de comptoir qui ont préféré ricaner au bar de la Gaîté pendant que le duo allemand Oake (pour « Our bodies are prisons for our souls« ), lui aux machines, elle au chant, tentait de convaincre le public du bien fondé de leurs incantations chamanico-industrielles… Eux y croient – quitte à en rajouter des tonnes en gestuel – c’est déjà ça.

Mais quel contraste quand Paul Régimbeau prend, à son tour, les machines soudain devenues surpuissantes et envoûtantes, sans posture inutile. La tête de lune (Mondkopf donc) a recomposé Hadès pour la configuration « live » évitant l’écueil du « copier coller » sans même faire sonner les trompettes des morceaux éponymes Hadès 1, 2 et 3 qui ponctuent l’album. Cette fois-ci, le jeune producteur – 27 ans – a privilégié le duo : Greg Buffier du groupe ambient Saad venant lui donner la réplique avec machines et guitare dont les riffs lancinants sont samplés.

Mais chacun est à sa place et Mondkopf fait trembler les structures métalliques de l’antre lyrique; tout comme il offre des moments plus calmes et progressifs. La magie gagne l’auditeur sur un morceau comme Immolate, abrasif, martial, déstructuré à la Aphex Twin dans lequel il insère des nappes de claviers trancey façon Border Community, ou quand il lâche les chevaux en hurlant dans son micro sur des rythmiques telluriques sonnant la fin du monde.

Derrière eux, un collectif de vidéastes diffusent des images plutôt organiques cette fois-ci (mer, forêt, rochers), qui hypnotisent le public. Cinquante minutes plus tard, les spectateurs, conquis, un peu sonnés par cette avalanche de sons, demandent et obtiennent dix minutes de rab.

Au final, le show demande à être un peu peaufiné et magnifié. il doit pouvoir trouver plus de cohérence entre les titres pour garder de bout en bout l’auditeur parfois déconnecté. Mais ce n’était que le deuxième concert de Mondkopf, et gageons qu’il saura rapidement remédier à ces tâtonnements légitimes.