Birdy Nam Nam (FR)

Birdy Nam Nam (FR)

Par Olivier Pernot – crédit photo  @ro photography

Après le départ de Pone, le groupe électro parisien entame une nouvelle vie. Repartis en tournée dès cet hiver, en jouant notamment à I Love Techno Europe à Montpellier, le trio Little Mike / Crazy B / DJ Need est toujours une furie sur scène et finit un nouvel album, parait-il surprenant, attendu pour la fin de l’été. Little Mike nous en dit plus.

 

Désormais à trois, est-ce que cela a été difficile de vous réorganiser sur scène ?

Nous n’avons pas eu de profonde remise en question par rapport au live. Tout s’est fait naturellement. Nous avons dû réadapter un petit peu les anciens morceaux pour les jouer à trois et les nouveaux de toute façon ont été produits par nous trois. Et puis, sur scène, je faisais déjà les parties lead de la plupart les anciens morceaux. Donc finalement c’était assez simple de les refaire à trois.

 

Avez-vous envisagé à un moment de prendre un quatrième musicien pour remplacer Pone ?

A aucun moment. Ça n’aurait pas eu de sens. Nous n’en avions ni l’envie, ni le besoin puisque sur scène nous avons pu monter notre live à trois sans problèmes. Et puis, Birdy Nam Nam a une histoire, un passé entre nous : cela aurait été difficile de faire rentrer quelqu’un dans l’intimité du groupe.

 

Vous faites, et c’est une habitude, une tournée avant l’arrivée d’un album. Est-ce pour vous une manière de tester l’impact des nouveaux morceaux ?

Clairement oui et cela nous permet de faire évoluer le live. De faire bouger les morceaux dans la setlist, de changer les images ou les lumières. Surtout, cela nous confronte au public. Comme les gens ne connaissent pas les nouveaux morceaux, il y a une part de surprise. Ils peuvent être désorientés, voire mécontents. Il y a toujours ce risque, ce danger.

 

Mais les premiers retours ont été plutôt positifs, non ?

Ça se passe super bien, oui ! Depuis six mois, toutes les salles sont pleines et les gens sont hyper réactifs. On voit les retours sur les réseaux sociaux. Ils sont super positifs. Pour une fois, on se fait moins allumer. Alors qu’à chaque nouvelle tournée et chaque nouvel album, il y a eu toujours des mécontents car le groupe évoluait. D’ailleurs le nouvel album risque de provoquer un certain coup de chaud/froid pour certains ! Mais Birdy Nam Nam, ce n’est pas un projet figé comme une image en noir et blanc.

 

Allez-vous faire des ajustements entre les concerts en salles et les scènes des festivals d’été ?

On fait des ajustements en permanence. On rajoute des morceaux pour les festivals et on en enlève aussi. Notamment ceux que chantait Dogg Master avec sa talk box. Il nous a accompagnés sur les dates en salles mais ne sera pas avec nous sur les festivals. Cela donnait un show plus funky. Pour l’été, nous serons donc tous les trois sur scène. Sinon, nous changeons le show visuel. Il y a des images et des effets qui ne marchaient pas trop. Ça ne nous correspondait pas. Alors on les change au fur et à mesure.

 

Les précédents albums du groupe ont été produits par Yuksek, puis par Para One. Le nouveau, qui sort à la fin de l’été, a été produit par toi. Qu’est-ce que cela a apporté au groupe ?

Une certaine liberté. Finalement, cela nous a permis d’aller plus loin dans nos références à nous. Des références qui n’auraient pas nécessairement parlé à un producteur extérieur. Il y a aussi une grande satisfaction à mener notre projet jusqu’au bout. Avant, nous n’étions pas prêts car pour produire, il faut avoir un certain bagage technique. J’avais aussi cette volonté personnelle de réussir ce passage à la production puisque c’est moi qui produit seul le nouvel album. Cela a engendré une grosse dose de pression car j’y ai mis beaucoup de moi-même.

 

Comment pourrais-tu décrire ce nouvel album ?

Cela reste électronique mais il y a plus de teintes de hip-hop et de groove. Nous avons exploré certains versants R’n’B et funky tout en gardant une empreinte techno. Surtout il y a beaucoup de morceaux chantés. Dogg Master fait deux featurings dans un esprit électro funk proche de Zapp. Il y a aussi la chanteuse suédoise Elliphant, qui a collaboré avec Major Lazer. Nous avons fait ensemble un pur morceau Miami Bass, festif, dansant et solaire. Dans l’album il y a aussi le rappeur américain Broderick Batts et la chanteuse Mai Lan. Avec elle, on a réalisé le track « Hammer Head », qui sonne entre afro, trap et électro clash. Et là, on finit un dernier morceau avec un jeune rappeur franco-américain. Il y a donc pas mal de voix sur cet album. La voix, c’est un instrument de plus qu’on utilise dans notre musique. C’est clair que cet album va en surprendre plus d’un. Il y a beaucoup d’harmonies, d’émotions, une part de féminité. Globalement, c’est un album plus pop, grâce aux harmonies. Mais pop comme celles de Drake ou de Disclosure.

 

Quelles sont les musiques que vous écoutez en ce moment ?

Nous avons chacun nos passions. Crazy B écoute beaucoup de funk, de disco ou de house old school. Need, c’est un digger. Il va aller chercher des trucs super différents. Cela peut être de la musique antillaise des années 1970 comme la future house ou de la trap. De mon côté, j’écoute plutôt du hip-hop ou du R’n’B. Dans Birdy Nam Nam, nous avons toujours évolué individuellement avec l’envie d’apporter au groupe. Nous aimons cette sensation de pouvoir exprimer chacun quelque chose, avec notre background personnel, dans cet espace collectif. La force de Birdy Nam Nam, c’est d’être éclectique, de mélanger nos personnalités, tout en restant moderne.

 

Est-ce que le format album a encore une pertinence ?

Pour les nouveaux venus dans la musique, je ne pense pas. Le plus important est d’arriver avec une identité musicale et de la faire connaître. Cela peut passer par des EP, des titres postés sur SoundCloud, des clips sur YouTube. Avec Birdy Nam Nam, les gens sont habitués à ce que nous sortions des albums. En tant que groupe, cela a encore du sens de sortir des albums. Mais c’est peut-être notre dernier disque dans ce format album. Après, nous réaliserons peut-être des mixtapes comme nous avions fait avec Geto Bird. L’essentiel aujourd’hui est de faire vivre sa musique sur Internet.

 

Ce disque marque un retour à l’indépendance : vous retrouvez le manager de votre premier album sur Kif Recordings, qui gère aussi vos concerts, vous quittez une multinationale du disque (Epic/Sony Music) et lancez votre propre label (Zipette Island).

On s’est beaucoup mépris à mélanger business et affectif. Fort de cette déception, on a voulu se retrouver entre nous et monter une équipe commando. Nous avons tout restructuré : Pone est parti, nous avons changé de manager et de tourneur, nous avons produit notre album et monter notre label. A ce moment de l’histoire de Birdy Nam Nam, c’était une évidence de tout changer. Il le fallait.

 

> Festival Lives Au Pont, Pont-du-Gard (8 juillet) ; Les Déferlantes, Argelès-sur-Mer (9 juillet) ; Festival Musilac, Aix-Les-Bains (10 juillet) ; Les Plages Electroniques, Cannes (4 août)

 

www.birdynamnam.com

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